Contes : La rencontre avec Shams
Le monde entier lit maintenant des versions des poèmes de Mevlana Jelaluddin de Balkh, appelé Rumi, et s’en délecte, mais le puissant fleuve de son inspiration a été libéré par son contact avec Shams.
Shams al-din Mohammed, éduqué à Tabriz et souvent appelé Shams-e Tabrizi, était un mystique et poète persan qui errait au Moyen-Orient, tissant des paniers, dit-on, pour subvenir à ses besoins. Des voix intérieurs l’ont guidé jusqu à Konya, et c’est là qu’il a rencontré un érudit qui allait finalement répandre la sagesse dans le monde entier.
Mevlana Jelaluddin était le fils d’un imam, un érudit religieux et théologien, un adepte d’une tariqa soufie, et âge de trente ans, il était devenu un juriste influent, le chef d’une madrassa et le professeur de nombreux étudiants. On raconte qu’un jour, Jelaluddin était assis en train de lire, avec une pile de livres à côté de lui, lorsque Shams, tout de noir vêtu, est passé par là.
“Qu’est-ce que tu fais ?” demandait Shams à l’érudit.
“Ce que tu ne peux pas comprendre”, répondit Jelaluddin avec dédain.
Sans un mot, Shams s’avança, saisit la pile de livres et la jeta dans une flaque d’eau voisine.
Jelaluddin se précipita pour sauver ses livres – ce qui n’est pas surprenant ! À l’époque, les livres étaient faits à la main, un par un, et n’étaient pas facilement remplaçables. Que serait un savant sans ses livres ? Mais lorsqu’il sortit ses précieux volumes de l’eau, il a découvert à sa grande surprise qu’ils étaient secs. “Que s’est-il passé ?” demanda-t-il à l’étranger en noir.
“Ce que tu ne peux pas comprendre”, répondit Shams. Et la tradition nous dit que Jelaluddin, se rendant compte que tout son savoir ne signifiait pas grand-chose par rapport à la lumière et au savoir de l’homme qui l’avait en face, partit avec Shams en retraite pendant quarante jours, une retraite qui transforma sa vie.
Traduit par Taviz Emily Lopez